Academia.eduAcademia.edu
Autour de Gergovie Découvertes anciennes et récentes Matthieu POUX, Michel FEUGÈRE, Matthieu DEMIERRE Le site historique de Gergovie est surtout connu pour les vestiges de retranchements césariens découverts au XIXe siècle, leur apport à la localisation de la bataille et la polémique qu’ils ont longtemps alimentée. On sait moins que ce site a livré,au fil des fouilles et prospections,un nombre non négligeable de petits mobiliers attribuables au domaine militaire. Disséminées dans les publications anciennes et récentes, dans plusieurs musées nationaux et collections privées, ces découvertes n’ont pas retenu l’attention qu’elles méritent. Cet article vise à opérer un premier recollement, sans prétendre à l’exhaustivité. Une étude plus systématique du mobilier des fouilles anciennes conservé au musée Bargoin à Clermont-Ferrand, au musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye ou au musée Déchelette de Roanne, permettra sans doute d’enrichir ce premier corpus. À titre de comparaison, il est complété par des mobiliers de nature et de datation similaires retrouvés sur les oppida et sites de plaine environnants fouillés au cours des 30 dernières années (ill. 1). Une localisation discutée Le plateau de Gergovie (anciennement dénommé plateau de Merdogne) est traditionnellement identifié à celui de l'oppidum de Gergovia, dont il a conservé le nom. Il abrite un vaste oppidum de 70 hectares, densément peuplé au Ier siècle avant J.-C. (Provost, Mennessier-Jouannet 1994, avec bibliographie). Cette localisation ne suscitait guère de controverses jusqu’à la proposition, faite dans les années 1930 par M. Busset et développée par P. Eychard, d’une localisation du site sur le plateau des Côtes de Clermont, au nord de Clermont-Ferrand. Le meilleur argument en faveur de la localisation de Gergovie à son emplacement actuel est fourni par la toponymie : le nom de Gergoie désigne au XVIe siècle un lieu habité, localisé à la base de la pente sud-est. Ce toponyme est attesté depuis le Xe siècle sur les chartes médiévales, sous les formes Girgia ou Girgoia qui dérivent, selon toute vraisemblance, de la forme latine Gergovia. La forme Gergobie est attestée pour désigner le même lieu à partir du XIIIe siècle dans les archives de l'abbaye prémontrée de SaintAndré de Clermont, qui y installe à cette époque une grange. Le nom actuel du plateau est issu d'une tradition moderne, inaugurée au XVIe siècle POUX (M.) dir. — Militaria tardo-républicains en contexte gaulois. Actes de la table ronde du 17 octobre 2002 (Glux-en-Glenne – F. 58). Glux-en-Glenne: BIBRACTE, Centre archéologique européen, 2007, p. xxxxxx, (Bibracte; 14). MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE 1. Carte de localisation des sites de Basse-Auvergne mentionnés dans le texte (d’après Collis et al. 1994, ARAFA). par l’érudit florentin Gabriele Simeoni, qui fut le premier à proposer l'identification du plateau au site de la bataille césarienne. Cette nouvelle dénomination s'est étendue par la suite au village de Merdogne situé sur le flanc sud du plateau, dont le toponyme médiéval est établi par de nombreuses pièces d'archives. Débaptisé à l’occasion d’une visite officielle de Napoléon III sur le site,le village de Merdogne troque son nom en 1865 pour celui de Gergovie, qu’il a conservé aujourd’hui (Texier 1993, p. 147-150, 109-154, 788856, avec bibliographie antérieure). Afin d’illustrer son Histoire de Jules César, Napoléon III met en œuvre des travaux de grande envergure pour tenter de localiser le lieu de la bataille de Gergovie. Une première campagne menée en 1861, se concentre sur le plateau de 2 Gergovie, dirigée sur le terrain par son aide de camp, Eugène Stoffel. La seconde campagne, menée l’année suivante, est consacrée à la recherche des camps romains de 52 avant J.-C.Ces tranchées exploratoires, dont certaines pouvaient atteindre jusqu’à 250 m de long, ont permis de retrouver et de cartographier l'ensemble des fortifications mentionnées par César : le « grand camp », vaste enclos quadrangulaire implanté sur le plateau de la Serre d'Orcet ; le « petit camp », de taille plus modeste, sur la colline de La Roche Blanche, à environ trois kilomètres à l'ouest du premier ; le « double fossé » (fossa duplex) décrit par César, reliant ces deux points hauts du relief, recoupé de façon plus ponctuelle sur la ligne de crête. Au cours des années 1995-1996, une nouvelle campagne de vérification est menée à l’initiative du Service régional de l'Archéologie. Dirigée par Vincent Guichard, sous l’égide de l'Association pour la Recherche sur l'âge du Fer en Auvergne (ARAFA), elle vise à contrôler la validité des observations de terrain faites en 1862 et en 1930. Elle a permis de retrouver la plupart des ouvrages de fortifications aux emplacements indiqués et de valider les propositions faites sous le Second Empire (Deberge, Guichard 2000, avec bibliographie antérieure). La position topographique et la régularité des vestiges confirment leur appartenance à un ouvrage cohérent, dont la vocation défensive ne fait aucun doute : deux « camps » situés sur des points hauts du relief, reliés par une « fortification intermédiaire » qui suit une ligne de crête quasi continue (ill. 2). Les fossés à profil en « V » sont caractéristiques (mais non exclusifs) des ouvrages militaires romains, à l’époque de la conquête et postérieurement. Malgré l'absence de certains éléments typiques de l'architecture des camps romains (titulum, clavicula, fossa duplex), la fonction militaire de cet ouvrage ainsi que son attribution à l'armée romaine sont clairement posées par les dernières publications. Elles soulignent, en particulier, les nombreux points communs qui unissent le plan et le profil des fossés mis au jour à Gergovie et ceux d'autres ouvrages défensifs tardo-républicains, comme les camps de la circonvallation d’Alésia ou le camp de Mauchamp à Berry-auBac dans l’Aisne (Reddé 1996, p. 36 ; Reddé, Schnurbein 2001). MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES 2. Position des fortifications césariennes devant Gergovie, restituée par Napoléon III et le commandant Stoffel à l'issue des fouilles de 1861 et 1862 (d'après Napoléon III, Histoire de Jules César, pl. 22 et carte IGN 2531-2531 est). Mobiliers militaires Ces différentes campagnes de fouilles ont permis de collecter de nombreux éléments mobiliers qui assurent l’interprétation fonctionnelle des fossés et leur datation à l’époque de la conquête césarienne : céramiques indigènes, importées et amphores vinaires datables de la phase La Tène D2 (milieu du Ier s. av. J.-C.), associées à des pièces d’armement (Deberge, Guichard 2000). Les fouilles menées depuis les années 1970 par l’Association pour la Recherche sur l’âge du Fer en Auvergne (ARAFA) dans le bassin clermontois ont livré d’autres objets rattachés à la même problématique,également intégrés au corpus.Une majorité d’entre eux provient de contextes directement liés au site du siège de 52 avant J.-C. (circonvallation et plateau de Gergovie). D’autres, moins nombreux, figurent parmi le mobilier de deux autres oppida contemporains (Corent, 3 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE Gondole).Un troisième groupe d’objets,enfin,provient d’ensembles funéraires contemporains (nécropole des Martres-de-Veyre) ou postérieurs (Clermont-Ferrand) à la conquête romaine. La tombe de Malintrat, située au nord de ClermontFerrand,n’est pas intégrée au corpus et sera traitée dans le cadre de l’analyse des sépultures à armes de Gaule du Centre (Riquier, dans ce volume). Circonvallation Un premier lot d’objets provient des fouilles effectuées en 1995 et 1996 par Y. Deberge et V. Guichard à l’est du massif de Gergovie (emprise des communes de La Roche Blanche et de La Serre d’Orcet). À la catégorie des militaria se rattachent plusieurs objets découverts en différents points de la ligne de défenses (La Serre d’Orcet, La Pialle, La Roche Blanche). Publié partiellement, ce mobilier a contribué à l’identification des défenses césariennes. Bien que restreint, il comprend à la fois des armes offensives (catapulte, baliste, fronde) et défensive (bouclier), ainsi que quelques clous de chaussure : Un premier lot d’objets provient des fouilles effectuées en 1995 et 1996 par V. Guichard à l’est du massif de Gergovie, à l’emplacement du grand camp, du petit camp et de la fortification intermédiaire (ill. 3). 3. Gergovie : militaria romains provenant des fossés de circonvallation fouillés en 1994-1995 (d’après Guichard, Deberge 2000). 4 À la catégorie des militaria se rattachent plusieurs objets découverts en différents points de la ligne de défenses (La Serre d’Orcet, La Pialle, La Roche Blanche). Publié partiellement, ce mobilier a contribué à l’identification des défenses césariennes. Bien que restreint, il comprend à la fois des armes offensives (catapulte, baliste, fronde) et défensive (bouclier), ainsi que quelques clous de chaussure : - Deux armatures de trait de catapulte en fer (n° 1-2) : le premier (sondage 31, US 1161) long de 10 cm (76 g avant nettoyage), à pointe pyramidale courte (3,3 cm, soit 33 % de la longueur totale) ; le second (sondage 31, US 1161), long de 10,2 cm (94 g avant nettoyage), à pointe pyramidale légèrement plus allongée que la précédente (4,2 cm, soit 41 % de la longueur totale). -- Un anneau ovale en bronze (n° 3), sondage 29, US 1160, long de 3,9 cm, en tôle très fine pouvant correspondre au doublage métallique d’un objet en matériau organique (garniture de fourreau ?). - Un clou de chaussure en fer (n° 4), sondage 4, US 3006, longueur actuelle 1,3 cm, diamètre 1,6 cm, à tête hémisphérique arrondie et tige recourbée. La face inférieure de la tête présente les restes d’un décor cruciforme bouleté, caractéristique des clous de caligae tardo-républicains. - Un fragment d’orle de bouclier (n° 5), sondage 13, US 1038, longueur actuelle : 30,5 cm, formé d’une gouttière en tôle de fer légèrement cintrée, correspondant au renfort métallique cloué sur la tranche d’un bouclier en matériau organique ; à mi-longueur subsiste la trace d’un œillet permettant le rivetage sur le bouclier. Plusieurs projectiles de baliste (?) en pierre : un boulet complet (sondage 31, US 1170, 4,9 kg) en basalte vacuolaire (matériau identique à celui des meules), de forme subsphérique irrégulièrement bouchardée ; deux autres fragments en granite (sondage 26, US 1162, 2,1 kg ; sondage 26, US 1162, 2,4 kg), de forme irrégulière, presque cubique (non illustré). - Un projectile de fronde (?) en pierre (sondage 31, US 1161, 87 g), petit galet de basalte de forme ovoïde, qui a théoriquement pu être utilisé comme balle de fronde (non illustré). MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES Ce mobilier associe des éléments très caractéristiques, comme les fers de baliste et l’orle de bouclier, à d’autres moins typiques. Les seuls objets indubitablement romains sont les deux armatures de catapulte en fer : à la fin de la République comme sous l’Empire, l’armée romaine est la seule (en dehors du monde hellénistique) à maîtriser la technologie des tormenta. Dans un contexte d’affrontement celto-romain, de tels objets n’ont pu appartenir qu’au camp romain. La typologie de ces objets est intéressante : avec leur pointe relativement courte, ces deux pointes sont encore très proches des modèles en usage au IIe s. av. J.-C., documentés à Numance ou Ephyra (Feugère 1993, p. 80, 105). Ils s’intègrent parfaitement dans la morphologie générale des armatures de traits de catapulte de la fin de la République mis au jour en Gaule,sur les sites de bataille d’Alésia ou du Puy-d’Issolud (Sievers 2001, pl. 79, n° 576-574 ; Feugère 1994a, p. 10, fig. 7 ; Girault 2007), ainsi qu’à Vieille-Toulouse, Marseille, Entremont ou le BaouRoux. La confrontation des modules, effectuée en comparaison avec les traits de catapulte recueillis dans des contextes plus tardifs, valide définitivement leur attribution à la période tardorépublicaine (cf. introduction supra, fig. $$). Bien qu’aplati par l’usure,le clou de chaussure à tête massive s’intègre dans la série des clous de caligae tardo-républicains recueillis à Alésia (Brouquier-Reddé 1997, p. 283 ; Poux 1999, p. 8891). L’orle de bouclier, également documenté sur le plateau de Gergovie (cf. infra) ou le bandeau en bronze, en revanche, sont trop peu caractéristiques pour être attribués à l’un ou l’autre camp. Ce type d’orle est très courant dans l’armement celtique du deuxième âge du Fer (Rapin,Brunaux 1988). L’existence d’une variante de scutum romain garnie d’orles métalliques est bien attestée par Polybe (Hist.VI, 22-23), mais les parallèles sont encore rares. Bien que minoritaires par rapport aux orles rectilignes, des orles cintrés figurent sur certains camps du Haut-Empire, sans qu’il soit possible de déterminer équipement légionnaire ou auxiliaire (Iza : Rajtar 1994, Abb. 6, n° 7 ; Vindonissa : Unz,Deschler-Erb 1997,Taf.25,n° 561). Le même problème se pose pour les boulets : plusieurs auteurs ont souligné le danger qu’il y aurait à interpréter toutes les sphères de pierre antiques comme des projectiles de machine de guerre.Leur association avec les traits de catapulte permet,en l’occurrence,de les considérer comme tels ; avec d’autant plus de vraisemblance que l’utilisation du basalte pour fabriquer des projec- tiles de baliste est attestée en Gaule à la fin de la République, notamment à Entremont, Saint-Blaise (Feugère 1994a, p. 16, 17, 19) ainsi qu’à La Cloche (Chabot, Feugère 1993, p. 343). Datation, interprétation L’attribution de ces armes à l’époque républicaine est assurée à la fois par leur typologie et le mobilier associé : amphores Dressel 1B, céramiques importées ou locales caractéristiques de la phase de La Tène D2b, centrée sur le milieu du Ier s. av. J.-C. (Deberge, Guichard 2000). Leur fonction intrinsèque s’accorde idéalement avec leur présence dans des ouvrages à caractère militaire. Le trait marquant de cette petite série est la relative abondance des projectiles de machines de guerre, qui devrait correspondre à une position attaquée par les Romains plutôt que l’inverse.Leur faible nombre par rapport aux séries de traits qui criblent les champs de bataille d’Uxellodunum et d’Alésia évoque des vestiges liés à la préparation d’artillerie, caractéristique de la phase préliminaire d’un assaut romain. Plateau de Gergovie Une seconde série d’objets provient du sommet du massif surplombant les fossés de circonvallation, vaste plateau basaltique de 90 ha qui domine la plaine des Limagnes à plus de 400 m d’altitude (ill. 4). L’intérêt porté au gisement est lié dès l’origine à la localisation du champ de bataille éponyme.Dès le XVIe siècle,le site est identifié à l’oppidum assiégé par les armées de César. L’existence d’une occupation étendue à la quasi-totalité du plateau a été mise en évidence par plusieurs campagnes de fouille menées dans les années 1930 et 1940 : des habitats en constructions maçonnées, des vestiges d’artisanat (métallurgie, tabletterie) et un sanctuaire doté de deux temples géminés, protégés par un rempart en pierres sèches précédé d’une terrasse artificielle taillée dans le basalte. Ces contextes ont également livré des petits objets caractéristiques de la sphère militaire, indigène et romaine. Contrairement à ceux découverts dans les fossés de la circonvallation, il s’agit d’objets disséminés dans différents secteurs de fouille, dont l’origine précise est mal établie. Beaucoup sont inédits ou ont été publiés sans identification. Certains figurent sur les planches de mobilier incluses aux rapports de fouilles publiés entre 1930 et 1950 en différents points du plateau 5 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE 4. Plateau de Gergovie : localisation du tracé du rempart (plan S. Fichtl). (ill. 5 : extraits de Gallia 1943, 1947, 1948, 1950) ; d’autres, parmi les collections anciennes du musée d’Archéologie nationale (Duval 1970) ou du musée Déchelette de Roanne (ill. 7, identification et dessins V. Guichard) ; d’autres, enfin, sont issus de fouilles et prospections récentes menées sur le plateau et à ses abords (ill. 6) : chemin de la Croix,fouilles effectuées entre 2001 et 2004 sur une portion du rempart oriental (sous la direction de Th. Pertlwieser et I. Ott, identifications L. Orengo : Th. Pertlwieser, BSR 2002, 125 fig. 1). Ce lot d’objets regroupés sur les illustrations 5 à 7 comprend principalement : 6 - Plusieurs pointes de flèche à une ou deux barbelure, caractéristiques des horizons de la guerre des Gaules (n° 1-6). Entrées au musée de Saint-Germain-en-Laye au XIXe siècle, les informations font défaut quant à leur localisation précise sur le site. Si certaines d’entre elles ont sans doute été extraites de la circonvallation, d’autres ont pu être ramassées sur le plateau, comme le suggère la découverte récente d’une nouvelle pointe à une barbelure (n° 15), lors de prospections menées sur le flanc oriental du massif (identification et dessin D. Leguet). MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES 0 5. Gergovie : militaria romains provenant de prospections et fouilles anciennes (Duval 1970 et sources diverses). 1 2 4 cm 6. Gergovie : militaria romains issus des fouilles récentes : fosses du chemin de La Croix (en haut) et rempart (en bas) (dessins D. Leguet, D. Tourlonias, L. Orengo). 15 14 16 17 18 19 7. Gergovie: militaria romains inédits, provenant des prospections et fouilles anciennes (dessins V. Guichard). 7 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE - - - - - - - - 8 Une armature de trait de catapulte à douille et pointe pyramidale allongée, de section carrée (n° 14), longueur : 9,7 cm, identique à celles découvertes dans les fossés de circonvallation (musée Déchelette, Coll. Cohendy, Gergovie 1893, n° 1674). Un gland de fronde en plomb (n° 16), longueur : 2,4 cm, de forme ovale simple et anépigraphe (musée Déchelette, Coll. Cohendy, 1877, n°1722a). Un objet cruciforme constitué de quatre pointes en fer à section carrée (n° 17), longueur max. : 5 cm, peut-être interprété comme un tribulus écrasé. Un second chausse-trape du même type est répertorié dans la même collection (musée Déchelette, Coll. Cohendy, 1893, n° 1675). Un umbo de bouclier romain en fer (scutum), retrouvé dans une fouille menée en 1930 dans un grand bâtiment connu sous le nom de « Villa Aucler » (n° 19), collection Chirent. Le fragment conservé (longueur actuelle : 19,2 cm) correspond à l’extrémité distale d’une coque ovalaire, terminée par une patte de renfort latérale percée d’un trou de fixation. Un fragment d’orle de bouclier en tôle de fer (n° 29, longueur conservée : 9 cm) de forme légèrement incurvée, identique à celui retrouvé dans les fossés de circonvallation. L’objet provient d’un secteur de fouille du rempart oriental qui a également livré un fourreau d’épée gaulois “à échelles” (non illustré, renseignement L. Orengo), caractéristique de La Tène D. Une douille en fer de forme peu caractéristique, pouvant correspondre à un talon de lance ou à une pointe d’épieu (n° 7). Une boucle de ceinturon (cingulum) ou de harnachement à profil simple en “D”(n° 13,largeur max. : 4,5 cm), à laquelle s’ajoute un ardillon en bronze au profil caractéristique, découvert chemin de La Croix (n° 20). Deux boucles de plus petite taille (n° 9 et 23), dont une liée à un fragment de plaque en fer, issues du dispositif de fixation d’une cuirasse (?). Une dizaine de clous de sandales légionnaires (caligae), (n° 18, 30) de même type que celui issu des fossés de circonvallation, à tête massive et conique, décorée à la base d’une croix et/ou de plusieurs globules, découverts en différents points du plateau et sur ses versants. - - Diverses formes de clous, rivets et boutons d’applique en bronze, étrangers au répertoire décoratif et vestimentaire indigène, traditionnellement rattachés à l’équipement militaire (n° 11, 25, 26). Un pic en fer de type dolabra (n° 8),longueur : 11,5 cm, outil caractéristique du paquetage légionnaire également retrouvé en contexte civil, dans les niveaux d’installation des colonies romaines. Les projectiles de l’armée romaine constituent la majorité du lot. L’armature de trait de catapulte s’ajoute à celles découvertes en contrebas du plateau. Bien que dépourvu de contexte, l’objet est parfaitement datable : sa tête pyramidale allongée s’intègre à la fourchette des modules de traits tardo-républicains en usage durant la guerre des Gaules (cf. introduction supra, fig. $$). Tout aussi caractéristique est le gland de fronde en plomb : contrairement à la pierre de fronde en basalte découverte dans les fossés de circonvallation, il s’agit d’une arme typiquement romaine, étrangère au répertoire local. Des glands de module et de morphologie identiques découverts en grand nombre à Alésia (Sievers 2001, p. 173 pl. 84). Les pointes de flèche ont été identifiées et étudiées en détail par A. Duval (1970; Sievers 2001, p. 169-172): six d’entre elles possèdent une barbelure (type B), une seulement un empennage symétrique (type D). Malgré les problèmes d’attribution ethnique que pose leur présence sur certains gisements plus anciens (cf. introduction supra, p. $$), leur fréquence sur les sites impliqués dans les événements de la guerre des Gaules en fait un marqueur très fiable de cette période. Si elles sont encore présentes sur certains camps du limes augustéen, leur nombre est très minoritaire par rapport aux nouveaux types apparus à cette période (six exemples à Vindonissa, soit à peine 5 % de l’effectif: Unz, Deschler-Erb 1997). Les sept exemplaires recensés à Gergovie s’inscrivent tous dans la tradition typologique tardo-républicaine. Toutes proportions gardées,ils soutiennent la comparaison avec le corpus d’Alésia (Sievers 2001,pl.80-83),enrichi des nombreuses découvertes effectuées depuis sur le Puy-d’Issolud (cf. introduction supra, fig. $$). La récurrence des projectiles en fer en en plomb sur le plateau et ses versants s’accorde parfaitement,au demeurant, avec la localisation de positions gauloises bombardées par l’artillerie romaine. L’identification du n° 17 à un tribulus s’appuie sur sa forme très caractéristique : ce type de MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES “chausse-trape” est bien attesté à Alésia (Sievers 2001, p. 174, pl. 85, n° 759-770), ainsi qu’à Lyon (Desbat, Maza, dans ce volume). À la différence des projectiles d’artillerie, il s’agit d’une arme passive, intégrée au dispositif défensif qui protège les positions romaines. Au même titre que le tribulus découvert sur la colline de Lyon-Fourvière, leur présence sur le plateau semble plutôt liée à une occupation militaire permanente, postérieure à la bataille. Recueilli parmi le mobilier d’une habitation maçonnée d’époque augustéenne, l’umbo de scutum plaide également pour une installation durable de troupes légionnaires sur le plateau. Sa typologie inédite explique qu’il n’ait pas été identifié jusqu’à ce jour. Ce type d’umbo fusiforme (spindelförmige Schildbuckel) reproduit en métal la forme de la bosse allongée du bouclier à spina, la forme traditionnelle de l’âge du Fer dans laquelle un axe en relief, émergeant des deux extrémités de l’umbo, marque la verticale du bouclier. Une différence importante réside dans la présence de deux ailettes projetées latéralement, qui ne se retrouve pas sur les exemplaires gaulois antérieurs à la conquête. Cet umbo trouve son meilleur parallèle dans une trouvaille de Mayence, malheureusement hors contexte (Bockius 1989, 271, fig. 2, 2). En Gaule, on peut le rapprocher d’un umbo issu d’une tombe de la fin de l’âge du Fer fouillée à Sainte-Anastasie (Gard) au XIXe siècle, dont la reconstitution probablement erronée cache sans doute un exemplaire assez proche de celui de Gergovie (Saint-Venant 1897, p. 490, fig. 44 ; Bockius 1989, p. 272, fig. 3, 3). La forme générale permet de constituer tout un groupe d’umbos, dont R. Bockius a récemment proposé l’attribution aux troupes romaines de l’époque augustéenne. Le modèle remonte, dans les sociétés protohistoriques occidentales à une très haute antiquité (Stary 1981 ; Feugère 1993, p. 94) : la forme ancienne, réalisée à La Tène ancienne et moyenne, s’en distingue par sa conception scindée en deux coques réunies par une gouttière médiane. Dans le monde celtique, ce montage complexe cède la place à la forme plus simple,dite “en oméga”,où une simple bande métallique d’un seul tenant recouvre la partie la plus saillante de l’umbo en bois. La réapparition de l’umbo métallique en forme d’amande et pattes de fixation latérales est caractéristique des contextes romains de la fin de la République ou du début de l’Empire. Compte tenu de l’écart chronologique qui sépare ces deux séries, il s’agit sans doute moins d’un emprunt direct que de perduration méditerranéenne d’une forme délaissée depuis longtemps par les Celtes du Nord. Bien qu’encore rares, les parallèles sont tous liés à des contextes militaires romains de la fin de la République ou du début de l’Empire : outre le camp de Renieblas à Numance, qui permet de proposer une date assez haute (troisième quart du IIe s. av. J.-C.), quatre objets provenant des camps augustéens du limes rhénan (Oberaden, Urmitz, Mainz et Mainz-Weisenau) sont à rapprocher de rares découvertes isolées d’Europe centrale, au Nord (Bránov ; Kolaje) et au Sud des Alpes (Magdalensberg). À cette série, on peut ajouter l’exemplaire récemment identifié parmi le mobilier du Verbe-Incarné à Lyon, dans les premiers niveaux d’installation de la colonie datés des années 50-40 av. J.-C. (Desbat, Maza, dans ce volume). Malgré son état lacunaire, l’exemplaire de Gergovie s’intègre parfaitement à cette série. Ses deux pattes de fixation latérales ne se retrouvent que sur les boucliers de Lyon, de Mayence et du Magdalensberg (Dolenz 1998, p. 323, Taf. 15). Un détail figuré sur les boucliers qui équipent les légionnaires représentés sur l’autel de Domitius Ahenobarbus (cf. introduction supra, fig. $$), prouve que ce mode de fixation était déjà en usage au IIe s. av. J.-C. Faute de contexte archéologique plus précis,l’umbo de la villa Aucler ne peut être daté avec précision. Associé à des vestiges et mobiliers augustéens, il peut être interprété comme un reliquat du siège de 52 av. J.-C., ou comme la marque d’une occupation militaire du plateau jusqu’à l’époque d’Auguste. Moins caractéristiques, les orles cintrés découverts sur le rempart et dans les fossés de circonvallation (ill.3, n° 5 ; ill. 6, n° 29) ne peuvent être attribués avec certitude aux forces gauloises ou romaines. D’un point de vue strictement théorique, orles et umbo ont pu constituer la garniture métallique d’un même type de scutum ovale utilisé par les légions de César et d’Auguste L’attribution des accessoires vestimentaires au domaine militaire doit se limiter à quelques éléments bien caractéristiques. C’est notamment le cas des clous de chaussure, dont la vocation militaire a déjà été soulignée à propos de l’unique exemplaire découvert dans les fossés de circonvallation : leur module important, leur profil conique et leur décor caractéristique formé de quatre globules cloisonnés, renvoient directement aux abondantes séries de clous de caligae 9 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE recueillies à Alésia et Uxellodunum (BrouquierReddé 1997, p. 283 ; Girault 2007). Les garnitures de ceinturon, représentés par une boucle en D (n° 13) et un ardillon profilé (n° 20) sont traditionnellement attribuées au cingulum légionnaire. Inconnue avant la conquête romaine, la construction à ardillon est introduite en Gaule par l’armée romaine (Poux 1999,p.65-66). Plusieurs études récentes ont montré qu’elles pouvaient également se rattacher au harnachement (Feugère 2002, p. 76). Le “bouton à anneau”n° 10 possède une forme bien spécifique, largement attestée sur les camps du limes rhénan et britannique (Knebelverschlüsse, button and loop fastener),traditionnellement identifiée à une attache de suspension de gladius ou de pugio (cf. introduction supra ; Metzler 1995, p. 353, fig. 288 n° 5-7). On suppose qu’elle servait à fixer le baudrier supportant le poignard sous le cingulum. Quelques exemplaires identiques sont signalés à Feurs, ainsi qu’à Genève (cf. introduction supra, fig. $$) ou au Titelberg (Feugère 1983, p. 51 ; Metzler 1995, p. 353 Abb. 188), dans des contextes du Ier s. av. J.-C. également caractérisés par une présence militaire romaine. L’interprétation des boucles à ardillon de plus petite taille peut prêter à discussion. Celle retrouvée chemin de la Croix est fixée à un fragment de plaque en fer qui évoque l’extrémité d’une lanière de fixation de cuirasse romaine : la perte de ces accessoires liés au port de la lorica segmentata, attesté dès l’époque augustéenne, explique leur fréquence sur les camps du limes (par exemple à Vindonissa : Unz,Deschler-Erb 1997,Taf.33-34).Une vingtaine de boucles de même type ont été recueillies sur l’oppidum du Titelberg, occupé au lendemain de la conquête par les troupes romaines (Metzler 1995, p. 356, 368,Abb. 191). Datation, interprétation Le plateau de Gergovie a livré une série de militaria restreinte mais variée et très bien caractérisée. À l’instar de ceux recueillis dans les fossés de circonvallation, leur datation à la période de La Tène D2b est bien assurée sur le plan typo-métrique. Plusieurs d’entre eux (catapulte,fronde,scutum,cingulum, caligae) suggèrent la présence de soldats romains sur le plateau, sans qu’il soit possible d’en déterminer la nature ou la durée.Les projectiles ont pu être théoriquement tirés lors du siège de 52 et les armes abandonnées dans la retraite. Comme à Uxellodunum, la concentration des pointes de 10 flèche, traits de catapulte et balles de fronde en plomb sur le plateau et à ses abords s’accorde parfaitement avec la localisation de positions gauloises bombardées par l’artillerie romaine. La dispersion des autres découvertes et leur association fréquente avec des mobiliers d’époque augustéenne, comme dans la villa Aucler ou chemin de la Croix, plaident également pour une occupation durable du site après la guerre des Gaules. Cette hypothèse est confortée par la nature des autres vestiges de cette période attestés sur le plateau : ainsi, le recours systématique aux constructions maçonnées, ouvrages de voirie et structures artisanales fortement inspirées par les techniques romaines et, surtout, l’édification d’un nouveau rempart en pierre dans le troisième quart du Ier s. av. J.-C., soit plusieurs années après la fin du conflit.Les autres catégories de mobilier retrouvées sur le site témoignent d’une acculturation très rapide. En particulier, l’abondance des sigillées italiques (Deschamps 1997) : leur nombre, qui s’élève à 857 vases NMI, ne trouve guère d’équivalent que sur les camps du limes rhénan. Ces découvertes accumulées entre le milieu et la fin du Ier siècle avant notre ère indiquent que le site a connu un processus de romanisation précoce et rapide. Comparable à celui d’autres chefs-lieux de Cité repris en main après la mort de César, ce faciès peut être imputé à la présence de populations italiques ou romanisées de longue date : l’hypothèse d’un stationnement de corps légionnaires ou auxiliaires pourrait expliquer la rapidité du processus, en même temps que la récurrence des militaria sur le site. Ce contexte militarisé se reflète clairement dans les émissions monétaires frappées sur le site postérieurement à la conquête : les monnaies en argent ou en bronze à légende EPAD “au guerrier”, frappées en grandes quantités sur le site dès l’année 51 av. J.-C. (BnF 3900,plus de 200 exemplaires recensés à ce jour) : leur revers figure un officier en tenue de légionnaire, désigné par l’inscription comme le chef gaulois Epasnactos et qualifié par César de « grand ami du peuple romain » (BG, VIII,44, 3).La volonté de réinvestir symboliquement les positions militaires mises à profit par Vercingétorix contre les armées romaines a pu motiver une occupation durable du plateau de Gergovie. La fondation d’un camp militaire au sein même d’un oppidum gaulois, en tant que noyau d’une première tentative d’urbanisation entre la mort de César et Auguste, correspond à un schéma bien connu par ailleurs : sur le Titelberg (Metzler 1995), MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES à Bâle-Münsterhügel (Berger, Helmig 1991) ou à Lutèce (Poux 1999 ; Poux, Robin 2000), cette politique constitue le fer de lance du nouveau pouvoir politique, économique et religieux imposé à la Gaule conquise. - OPPIDUM DE CORENT - Sanctuaire - Le sanctuaire découvert en 1992 au centre de l’oppidum de Corent a fait l’objet de fouilles annuelles de 2001 à 2005 (Poux et al. 2002 et rapports inédits). Il a livré une collection très abondante d’objets métalliques, liés aussi bien aux rites de dépôts d’offrandes qu’à la construction du sanctuaire et aux activités profanes qui avaient cours dans son enceinte (cuisine et repas,artisanat du fer et frappe monétaire notamment).Sa période de fréquentation couvre une longue période, du troisième quart du IIe s. av. J.-C. et la fin du IIIe s. de notre ère. À l’époque de la conquête, au milieu du Ier siècle av. J.-C., le sanctuaire est partiellement ou entièrement démantelé, ses structures en bois rapidement remplacées par des bâtiments maçonnés. Cet événement brutal marque une rupture fonctionnelle plutôt qu’architecturale. La raréfaction des dépôts perceptible dans les décennies consécutives trahit un net ralentissement de son activité (notamment monétaire), interprété dans le sens d’un transfert du centre de gravité religieux, politique et économique vers le plateau de Gergovie (Poux et al. 2002 ; Orengo 2003). Parmi ces objets métalliques figurent régulièrement des pièces d’armement dont le nombre, sans atteindre celui attesté sur les grands sanctuaires de Gaule septentrionale, n’est pas négligeable. L’étude du mobilier métallique du sanctuaire (Demierre 2006) a déjà comptabilisé 80 fragments d’armes ou d’équipement militaire appartenant à diverses catégories : une vingtaine d’éléments de boucliers (umbos, orles, manipules), une quarantaine de fragments d’épées ou de fourreaux d’épée, une dizaine de pointes et talons de lances miniatures (ou pointes de flèches), ainsi que quelques éléments de cotte de mailles, de casque, d’agrafes de ceinture ou de chaînes de suspension de fourreau d’épée... Quelques éléments liés aux derniers niveaux de fréquentation et de destruction du sanctuaire gaulois (La Tène D2b, 60-40 av. J.-C.) appartiennent à la sphère de l’équipement militaire romain (ill. 8): - - - Un bandeau en tôle de bronze décoré de nervures longitudinales, replié à une extrémité, évoquant une applique de fourreau (n° 1, objet incomplet). Une virole de pilum endommagée de forme quadrangulaire,comportant un décor de stries obliques sur sa bordure proximale (n° 2). Une balle de fronde (?) en plomb de section ronde amincie aux deux extrémités (n° 3). Un fragment droit d’orle de bouclier en fer à gouttière (n° 4) ainsi que plusieurs éléments curvilignes de section rectangulaire, dont un comportant une réparation (n° 5-6). Deux pointes à douille en tôle de fer repliée, de très petite taille, identifiables à des pointes de flèche (n° 7-8). Un disque de lorica segmentata (?) en bronze orné d’un décor de pétales stylisés composé de petits trapèzes aux angles arrondis et soulignés par deux lignes successives (n° 9). Un maillon en fer de cotte de maille, composé d'un petit anneau aux extrémités aplaties et rivetés (n° 10). Plus d’une centaine de clous de sandales (caligae) de gros module, à tête conique et décor cruciforme et/ou globulaire, disséminés sur les niveaux de sol du sanctuaire (n° 11). Le bandeau nervuré n° 1 peut être identifié à une barrette de suspension de gladius (Ferdière, Villard 1993, p. 135 fig. 2-45) ; mais la même forme d’applique se retrouve sur certaines entrées de fourreaux tardifs de La Tène D (type Ludwigshafen, notamment : Lejars 1996, p. 91 fig. 7). La virole de pilum décorée de stries est issue d’une zone perturbée du sanctuaire. Un parallèle identique, présentant le même décor caractéristique, provenant d’un remblai du « sanctuaire de Cybèle » du tout début du Ier s. ap. J.-C. (Desbat, Maza 2005 : fig.63,p.82 et dans ce volume) permet toutefois de rattacher cet objet à l’équipement militaire romain du milieu ou de la seconde moitié du Ier s. av. J.-C. Le type d’orle de bouclier à gouttière représenté sur la fig. 8 est attesté à plusieurs exemplaires sur le site, où il figure en association directe avec des umbos à ailette de type gaulois (Orengo 2003). Une certaine ambiguïté demeure néanmoins, du fait de sa présence dans les fossés de circonvallation de La Roche Blanche et sur le plateau de Gergovie (cf. supra, ill. 3). Issus de contextes gallo-romains ou de transition entre LT D2a et LT D2b, les fragments d’orles de section 11 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE 8. Corent : militaria romains issus des fouilles du sanctuaire (2001-2005, dessins M. Demierre). rectangulaire connus régionalement dans des contextes plus récents comme à Larina ou à Vienne-Sainte-Blandine sont à considérer avec la même réserve (Perrin 1990, fig. 102, n° 372-374 ; Chapotat 1970 : pl. I, n° 12 ; Orengo 2003: pl. 55, n° 165). Il peut s’agir de garnitures d’armes romaines aussi bien que gauloises. Les deux hypothétiques pointes de flèche, interprétées initialement comme un talon de lance miniature (Poux et al. 2002) car dépourvues de barbelure, se rattachent au type C d’A. Duval, absent à Gergovie mais attribuable, d’après d’autres contextes de découverte, aux forces romaines plutôt que gauloises (cf. supra). Le disque à décor de pétales stylisés, attesté dès la période augustéenne (Bishop, Thomas 2002-2003, Cat. Ji, fig. 72, 8 ; Unz, Deschler-Erb 1997 : 12 Taf. 31, 643-647) peut tout autant correspondre à un élément de décoration de lorica segmentata que de casque (Deschler-Erb 1999, p. 30, fig. 25). Associé dans un contexte augustéen à de nombreux clous de chaussures de type militaire, il atteste la fréquentation du site par des soldats de l’armée romaine au début de l’Empire. Le maillon de cotte de maille riveté,découvert hors contexte, peut sans doute être attribué à un fragment de lorica hamata comme le confirme sa similitude avec de nombreuses découvertes galloromaines (Voirol 2000, pl. 7, 49). Sa présence dans la tombe aristocratique de Boé, datée de LT D2b laisse envisager l’utilisation de ce type de cotte de maille par les auxiliaires gaulois de César (Schönfelder 2002, b. 35 ; Gorgues, Schönfelder, dans ce volume). MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES Les clous de sandales (caligae), particulièrement nombreux, appartiennent aux mêmes variantes que celles recueillies dans les fossés de circonvallation et sur le plateau de Gergovie. La totalité des types de décors découverts à Alésia y sont représentés (le type à décor cruciforme sans globule excepté). Habitat L’inventaire qui précède ne concerne que les fouilles et les sondages effectués entre 2001 et 2004 et antérieurement.L’exploration d’un quartier de l’oppidum situé au nord du sanctuaire, amorcée en 2005 et poursuivie en 2006, a livré de nouveaux éléments, dont certains sont présentés ici à titre préliminaire (ill. 9) : - Deux pointes de flèche en fer à une barbelure, du même type que celles recueillies sur le plateau de Gergovie, à Alésia et Uxellodunum (n° 1, second exemplaire non illustré). - Une garniture d’applique en bronze (n° 2), dont le motif cruciforme et la structure en tronçons de gouttières ne sont pas sans évoquer le décor de certains fourreaux de gladius tardo-républicains comme celui de Pîtres-La Remise ou de la rivière Ljubljanica (cf. introduction,supra et les contributions de Th. Dechezleprêtre, J. Istenic, dans ce volume). - Ce constat s’applique également au scalpel bimétallique (n° 3) à manche en bronze. - Trois attaches de baudrier ou de ceinturon en bronze coulé, formées d’un anneau circulaire (n° 4-5) et triangulaire (n° 6), surmontés d’un bouton à barre transversale en forme de « T ». - Deux boîtes à sceau en forme de bourse, d’époque tardo-républicaine (n° 7-8), dont une munie d’un couvercle décoré d’une effigie de Mercure, ainsi qu’une troisième de forme carrée, de typologie plus tardive (n° 9 : époque augustéenne ?). - Plusieurs orles de bouclier curvilignes ou rectilignes de même type que ceux décrits plus haut pour le sanctuaire attenant (non illustrés). - Plusieurs dizaines de clous de caligae en fer dispersés au sommet des bâtiments et à leurs abords, dont plusieurs exemplaires de gros module à tête conique et décor interne (n° 10). La pertinence des pointes de flèche à une barbelure en tant qu’indicateur d’une présence militaire césarienne a déjà été discutée plus haut. Les clous de caligae appartiennent, pour la plupart, aux mêmes variantes précoces que celles recueillies sur les sanctuaires. L’empierrement sondé en 1992 par V. Guichard au nord du sanctuaire en avait déjà livré de nombreux exemplaires. Leur concentration dans certains secteurs évoque même la perte ou le dépôt de semelles entières (Orengo 2003,p. 123,125,fig.39). En revanche, l’identification d’une applique de fourreau de gladius ou de pugio reste hypothétique compte tenu de son état très fragmentaire. Les anneaux à bouton en « T » (Knebelverschlüsse) sont intéressants, dans la mesure où leur construction très caractéristique n’est pas attestée parmi le répertoire indigène des agrafes de ceinturon à bouton simple. Les deux anneaux circulaires figurent à double exemplaire dans une sépulture à incinération récemment fouillée à Feurs (Loire), qui a livré une grande épée à cannelures médianes interprétée comme une arme de cavalerie romaine contemporaine de la guerre des Gaules (Riquier, dans ce volume). Leur présence dans la même tombe et leur parenté morphologique avec les agrafes de ceinturon laténiennes incite à les rattacher à un mode particulier de fixation de la spatha (ou du baudrier). L’attache triangulaire n° 6 correspond à un type déjà rencontré à Gergovie,interprété comme une attache de baudrier lié à des armes plus légères, pugio ou gladius (ill. 5). Bien que n’appartenant pas à l’équipement militaire stricto sensu, les boîtes à sceau se distinguent à la fois par leur fréquence inhabituelle et par leur typologie précoce. Les deux exemplaires en forme de bourse sont attribuables à l’époque césarienne, dont un type très rare orné d’un décor estampillé, représentant Mercure tenant une bourse, coiffé du pétase. Un exemplaire pratiquement identique est signalé sur l’oppidum de l’Altenburg en Allemagne du sud,daté de l’extrême fin de La Tène D2 (Fischer 1975, fig. 22). On admet que l’usage de ce type d’accessoires était réservé,à cette époque,à l’administration militaire.Ce constat s’applique également au scalpel bimétallique à manche en bronze et lame en fer découverte dans les mêmes contextes.Ce type bien spécifique d’instrument chirurgical, inconnu en Gaule avant la conquête mais indispensable aux armées romaines en campagne, trouve plusieurs parallèles sur les camps militaires tardo-républicains de la péninsule ibérique ou sur les camps du limes augustéen (Künzl 1991). Faute d’un examen systématique et d’une restauration préalable des objets ferreux,cet inventaire 13 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE ne saurait être considéré comme exhaustif. Le nombre d’objets susceptibles de se rattacher à l’armée romaine et à ses activités n’en est que plus remarquable. Majoritairement datés de La Tène D2, ils proviennent tous de niveaux antérieurs à l’époque augustéenne, liés à de grands bâtiments dont les techniques de construction trahissent une forte influence méditerranéenne : radiers et murets en pierres sèches, bases de pilier en calcaire,toits couverts de tuiles dont la morphologie et la pâte sont comparables à celles de tuiles tardo-républicaines de Lyon-Sanctuaire de Cybèle (examen A. Desbat). Ils y sont associés à de petits ustensiles de toilette, à d’autres instruments de toilette et de chirurgie (sonde, pincettes), à une pyxide ou encrier en bronze, à des éléments de vaisselle métallique (passoires, cruches), à une lampe à huile tardo-républicaine à orifice central,à des variantes rares de vaisselle campanienne (pyxides, plat à poisson), à des amphores de l’Adriatique (Lamboglia 2), à des monnaies de la République romaine et de Marseille (drachmes et oboles), ainsi qu’à plusieurs potins d’un type jusqu’alors inconnu en Gaule centrale, frappés par les Cantii de l’île de Bretagne (Cantii, La Tour 9541). Une découverte exceptionnelle ajoute à la particularité de cet ensemble : une paire de fibules de type Almgren 65 en or massif,reliées par une chaînette, correspond à un type de parures exogène d’origine italique, fabriquée en Gaule Cisalpine ou en Narbonnaise et importées sur le site entre les années 60 et 40 av. J.-C. Elles sont interprétées comme un insigne militaire ou politique, parvenu en Auvergne dans le sillon des armées césariennes durant la guerre des Gaules ou les guerres civiles (Poux à paraître). Datation, interprétation 9. Corent : militaria romains issus des fouilles de l’habitat (2005-2006, dessins M. Demierre, A. Pranyies). 14 La petite série de militaria recueillis dans l’enceinte du téménos peut être rapprochée de celle, encore inédite, découverte sur le sanctuaire de Mercure Dumias au Puy-de-Dôme (Feugère à paraître).Le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre dans le Belgium, de statut et de chronologie identiques à celui de Corent, a également livré de nombreuses armes et pièces d’équipement romaines (Viand, Pernet, Delestrée, dans ce volume). Par analogie avec les dépôts d’armement effectués durant la période gauloise, il est tentant de les interpréter comme des trophées ou des offrandes guerrières. La perte de certaines armes peut également être liée à la destruction des lieux de culte ou à leur fréquentation ponctuelle par des militaires stationnés à proximité, hypothèse formulée par Jean-Louis Brunaux et L.-P. Delestrée à propos de Ribemont-surAncre. Ce pourrait être le cas de certains militaria recueillis à Corent,où le dépôt d’armes est largement minoritaire.Plusieurs d’entre eux (n° 1,2,4,7) étaient MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES concentrés dans la couche de destruction d’un petit enclos cultuel démantelé à l’époque de la Conquête (La Tène D2b). Ils y figuraient en association avec une dizaine de pièces de monnaie de type “EPAD au légionnaire”, d’autant plus significative que ce dernier type était pratiquement absent des abondantes collections monétaires recueillies sur le sanctuaire et l’oppidum environnant (Poux et al.2002). Cette conjonction d’indices archéologiques s’inscrit dans une phase de démantèlement systématique et brutale du sanctuaire, qui marque l’abandon rapide de l’oppidum de Corent au profit de Gergovie, lequel semble intervenir très peu de temps après la guerre des Gaules. Mêlées à un ultime dépôt d’offrandes précédant le comblement des structures, la présence de quelques militaria tardo-républicains ressortit sans doute au même contexte.Elle accompagne un changement abrupt de nature du site et de son statut régional sur lequel plane l’ombre d’Epasnactos, probable officier auxiliaire de l’armée romaine dont les monnaies annoncent la réorganisation du territoire arverne à la fin des années 50 av. J.-C. Les autres militaria rencontrés parmi les structures d’habitat récemment fouillées au nord du sanctuaire ne contredisent pas ce schéma historique. Recueillis dans les niveaux de la seconde phase de reconstruction et d’occupation de l’oppidum,datés de l’époque césarienne ou augustéenne pour les plus récents, aucun ne peut être imputé à la période qui précède la guerre des Gaules. Leur présence peut aussi bien être liée aux événements du siège de Gergovie qu’à une occupation du plateau postérieure à la défaite d’Alésia, contemporaine de celle attestée à la même époque sur le plateau voisin de La Roche Blanche. GONDOLE Cet inventaire détaillé exclut une série de mobiliers militaires recueillis lors des fouilles effectuées en 2005 et en 2006 aux abords immédiats de l’oppidum de Gondole, présentés dans une contribution distincte (Deberge, dans ce volume). Elles ont mis au jour un important quartier artisanal situé en bordure d’une voie en contrebas du rempart laténien, comportant plusieurs caves, cinq fours de potiers et de nombreux puits. La production issue des fours comporte surtout des imitations locales de céramiques gallo-romaines précoces (plats à enduit rouge pompéien,cruches, pots et vaisselle de table). Le mobilier des fosses environnantes témoigne d’une occupation centrée autour du milieu du Ier s. av. J.-C. (La Tène D2b). Quelques armes et pièces d’équipement en fer et en bronze figuraient au sein des vestiges datés de La Tène D2b,notamment,un casque quasiment intact de type Port, deux lames d’épée, un fer de lance, une pointe à douille de section quadrangulaire, une forme de crochet très proche de celle des agrafes de spathae connues pour le Haut-Empire, et un pic-herminette de type identique à celui recueilli sur le site de La Chaussée-Tirancourt, deux boucles de ceinture à ardillon et cadre trapézoïdal proches de celles recueillies dans le puits du Sénat à Paris, à Bibracte et à Ribemont-sur-Ancre (dans ce volume). L’association de plusieurs de ces armes dans une grande cave comblée à la fin de La Tène D2 évoque le dépôt d’une panoplie complète ; celle d’un auxiliaire plutôt que d’un légionnaire,à en juger par certains marqueurs (casque,lances et fer à douille, épées et agrafe de spatha). LES MARTRES-DE-VEYRE Cette nécropole fouillée au début du XXe siècle en marge de la commune des Martres-de-Veyre, est surtout réputée pour l’état de conservation exceptionnel des vestiges organiques retrouvés dans certaines tombes (cercueils et objets en bois, cheveux,vêtements en tissus,accessoires en cuir,fruits), préservés par les émanations d’acides carboniques qui caractérisent ce secteur (Provost, MennessierJouannet 1994, 182-186, avec bibliographie). Elle se situe à l’aplomb du plateau de Corent dont elle constitue peut-être la nécropole principale,à l’instar de celles du Rebout à Bibracte, ou de Lamadelaine au Titelberg. En effet, si la majorité des sépultures se rattache à la période augustéenne, des mobiliers plus anciens, datés de La Tène D, sont signalés par V. Guichard parmi les collections du musée Bargoin (rapport inédit). Les restes anthropologiques, la présence de vêtements féminins,de matériel de filage et de tissage, permettent d’attribuer la plupart des tombes documentées à des individus de sexe féminin ; aucune d’entre elles n’a livré de dépôts d’armes. Un important travail d’étude des collections anciennes reste néanmoins à effectuer, qui pourrait aboutir à une reprise des fouilles dans les secteurs inexplorés de la nécropole. Le seul objet militaire conservé dans ces collections correspond à un casque de type italique retrouvé au XIXe siècle (ill. 10). Sa découverte lors 15 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE de travaux d’aménagements d’une voie ferrée est signalée dès 1856 par l’érudit local P.-P. Mathieu, qui a aussi suivi les fouilles de Stoffel à Gergovie : situé « à une grande profondeur, confondu avec les os du squelette »,il figure encore parmi les collections du musée Bargoin à Clermont-Ferrand (n° d’inv. 56-397.1). L’objet est identifié par J. Déchelette comme appartenant à la série des casques de type étrusco-italique à bouton sommital (Déchelette 1927, p. 668, fig. 489). De forme semi-ovoïde, surmonté d’un bouton à impression florale, il est pourvu d’un couvre-nuque rehaussé d’un décor de lignes gravées en registres horizontaux – arêtes de poisson,pointillés,esses emboîtées terminées à chaque extrémité par des demi-esses, traits obliques groupés par deux formant un triangle au milieu du couvre-nuque. Inconnu en Gaule avant la conquête de la Transalpine, ce casque est caractéristique des légions romaines de la République (Feugère 1994a, p.10).En usage tout au long du IIe siècle avant notre ère,sa forme tombe en désuétude au début du Ier s. av.J.-C.Il constitue donc l’objet le plus ancien de cet inventaire, antérieur de plus d’un demi-siècle aux militaria de Gergovie et de Corent.Le meilleur parallèle réside dans le casque à bouton sommital retrouvé dans la sépulture de Saint-Laurent-desArbres dans le Gard, en association avec une épée et un umbo de bouclier gaulois datés du Ier siècle (Barruol, Saujade 1969, fig. 19 bis, 10). 10. Les Martres-de-Veyre : casque en bronze à bouton sommital de type étrusco-italique (photo M. Feugère). 16 Quant à savoir par quelles voies et selon quelles modalités il a pu parvenir en Auvergne à une date aussi haute, l’absence de contexte et la dispersion d’éventuels des mobiliers associés ne permettent pas d’être catégorique.Sa datation très ancienne permettrait, en théorie, d’établir un lien avec la défaite des Arvernes alliés aux Allobroges en 121 av. J.-C. Compte tenu de la durée d’utilisation de ce type d’armes, encore sporadiquement attestées au début du Ier s. av. J.-C., cette piste reste néanmoins très fragile et les possibilités d’interprétation innombrables : souvenir rapporté par un mercenaire gaulois engagé en Italie ou en Narbonnaise ? Indice ténu d’une première tentative d’occupation militaire romaine consécutive à la défaite de Bituit ? Trophée emporté sur le champ de bataille, par un guerrier arverne pour commémorer une victoire individuelle ? CLERMONT-FERRAND, RUE NIEL Un dernier ensemble d’objets exposés au musée Bargoin de Clermont-Ferrand a pu être récemment identifié, qui présente certaines affinités typologiques et fonctionnelles avec le mobilier découvert à Gergovie et à Corent. Il provient d’une fouille effectuée dans des conditions d’urgence entre 1967 et 1969, sous la surveillance de M. Souchon et F. Malacher. Une série de sépultures à inhumation et à incinération repérées à l’angle des rues Niel et de la Liève, ont révélé l’existence d’une petite nécropole du HautEmpire, implantée au nord-ouest de la ville antique de Clermont-Ferrand/Augustonemetum (Fournier 1970, p. 441). L’une des tombes à incinération a livré un lot d’armes et projectiles en fer,associés à un « plat en terre cuite » qui ne figure pas dans les inventaires du musée. Ce lot comprend huit fers parfaitement conservés et bien identifiables, appartenant à différentes catégories d’armement (ill. 11) : - Une arme en fer (n° 1), longue de 25,7 cm, pourvue d’une soie plate, de section quadrangulaire et d’une lame à bords parallèles et pointe triangulaire ; longue de 17,7 cm,large de 3,4 cm à la garde, pour 0,7 cm d’épaisseur, la lame présente deux tranchants rectilignes et trois cannelures parallèles qui soulignent l’arête médiane sur ses deux faces. - Un fer de lance ou de javelot (n° 2) foliacé à faces planes dépourvues de nervure médiane, long de 15,7 cm pour une largeur maximale MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES de 4 cm, emmanché sur une douille circulaire en tôle de fer. - Deux pointes d’épieu en fer, de longueur différente (n° 3, 4) (13,6 cm ; 1,1 cm) formés d’une douille circulaire, d’une tige massive et d’une pointe peu marquée, de section carrée. - Quatre armatures de flèches ou de traits (n° 5-8), de taille croissante (7,1 cm, 9,5 g ; 7,8 cm, 12,5 g ; 8,2 cm, 13,5 g ; 9,6 cm, 13 g) et de fabrication identique : douille circulaire en tôle de fer repliée, prolongée par une pointe massive de section carrée. Les deux premiers présentent un profil conique continu ; les deux derniers, un léger resserrement à la transition de la douille et de la pointe. La datation de ces éléments pose problème, du fait de la disparition du plat céramique. La période d’utilisation de la nécropole, mal établie, couvre le Ier et le IIe siècle de notre ère. La chrono- logie des estampilles sur sigillée ne remonte pas en deçà de l’époque claudienne (Provost, Mennessier-Jouannet 1994, p. 235). Mais le caractère ponctuel des découvertes et l’état lacunaire de la documentation ne permettent pas de retenir cet argument a silentio. Dans l’attente de nouvelles données, la datation de cet ensemble ne peut guère s’appuyer que sur la typologie intrinsèque des objets et leur association. L’arme de poing découverte dans cette tombe semble au premier abord totalement atypique. On pourrait la décrire comme un poignard si les caractéristiques de la poignée, la forme et la section de la lame ne s’y opposaient formellement.La lame ne comporte pas le cintrage caractéristique de ces armes, qui se retrouve sur les gladii précoces et naturellement sur les fourreaux de ces deux armes (Scott 1985, p. 189-190 ; Unz, DeschlerErb 1997, Taf. 10, n° 184-189 ; Hübener 1973, Taf. 8, n° 13). La pointe courte et triangulaire est en revanche un trait constant des gladii de type Pompéi, à partir du milieu du Ier s. ap. J.-C., et dans une moindre mesure des spathae.Les cannelures longitudinales constituent, de leur côté, un trait bien connu des armes romaines. On les rencontre sur les poignards, à partir de Claude (mais il s’agit plutôt alors de cannelures épaulant une côte médiane : Scott 1985 ;Thiel,Zanier 1994 ; Connolly 1997), et jamais sur les gladii, dont la section est toujours losangique (Connolly 1997). L’exemple le plus ancien que l’on connaisse est sans doute l’épée de cavalerie déjà citée plus haut, découverte dans la tombe de Feurs, datée de LT D2 et associée à des anneaux à bouton “en T”qui constituent la forme précoce des attaches d’épées et de poignards romains (cf. Ricquier,ce volume) : il s’agit probablement de la tombe d’un auxiliaire indigène ayant servi dans l’armée romaine. On note en outre que les cannelures de l’épée de Feurs s’arrêtent à mi-longueur : un raccourcissement de la lame pourrait facilement s’arrêter avant ce décor. Par la suite, les seules armes romaines qui comportent normalement ces cannelures parallèles sont également des épées longues (spathae),épées de cavalerie adoptées par l’infanterie romaine 11. Sépulture de Clermont-Ferrand, rue Niel, sépulture : armes et projectiles en fer à partir du IIIe s. de notre ère (Feugère (d’après Fournier 1970). 17 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE 1993, p. 147-156 ; Thomas et al. 2001). Dans notre ensemble funéraire, la forme de la soie, la lame aux tranchants parallèles et les cannelures longitudinales pourraient donc fort bien appartenir à une spatha recoupée et retaillée. L’interruption des cannelures, dans ce cas de figure, peut être expliquée de deux manières différentes. Il est possible qu’un simple meulage de la lame en épaisseur pour façonner la pointe ait eu pour effet d’interrompre ces cannelures. Mais on peut aussi imaginer un travail plus soigné impliquant une reprise, à la forge, de la pointe sur laquelle ce travail aurait lui aussi fait disparaître toute trace du décor à cet endroit. Des armes gauloises et romaines, transformées en accessoire domestique ou outil, ont été retrouvées dans quelques contextes funéraires : ainsi,un casque de type Alésia a été transformé en chaudron,par martelage de son ouverture et adjonction d’une anse, avant d’être déposé dans le puits (funéraire ?) de Saint-Jean-de-Castex à Vic-Fezensac,Gers,(Feugère 1994b, p. 68) ; on peut également citer les deux glaives transformés en scies de la nécropole de L’Hospitalet-du-Larzac (Aveyron), qui montrent que de telles transformations pouvaient impliquer un travail de forge approfondi (Feugère 1993, p. 123, fig. 3, 2-3). Il resterait à dater l’arme à partir de laquelle ce poignard ou,si l’on préfère,cette épée courte a été aménagée. La largeur de la lame, en l’estimant inchangée, désigne une arme précoce, en tout cas antérieure à la fin du IIIe s. ap. J.-C., puisqu’à partir de 300, cette dimension s’agrandit régulièrement jusqu’à la fin du IVe siècle (Schulze-Dörrlamm 1985, p. 542,Tab. 1). La présence de cannelures ne semble pas constituer un critère datant, puisque ce décor s’observe à la fois sur des épées du IIIe s. et sur les deux spathae de Canterbury, enfouies dans une tombe vers 200 de notre ère (Webster 1982 ; Feugère 1993,p.151).Le fait que les lames de spathae des Ier-IIe siècles ne semblent pas cannelées n’est pas un critère très utile, le nombre d’armes de ce type connues à cette époque étant trop faible : l’exemple de Feurs montre en outre que ce caractère peut exister dès LT D2. Rien ne s’oppose donc à une datation de cette arme dans les limites chronologiques de la nécropole, env. 50-200 ap. J.-C., sans que l’on puisse préciser davantage à partir de ce seul élément. Les deux traits en fer (n° 3, 4) appartiennent à une catégorie bien reconnue d’armes romaines caractérisées par une douille prolongée par une tige et une pointe plus ou moins marquée, de sec- 18 tion généralement carrée. Bien que se rapprochant morphologiquement des pila “à douille” qui succèdent dès la fin de la République aux pila à soie plate et pointe lancéolée (Connolly 1997, p. 46 fig.4),elles s’en distinguent par leur longueur inférieure à 15 cm, qui plaide pour un usage différent, comme épieu ou projectile. Certes, ce type de “pointe à douille” a pu être utilisé de manière polyvalente, emmanché sur une hampe ou tiré à l’aide d’une catapulte ou d’un arc massif (Sievers 2001, p. 167 ; cf. introduction supra, pages $$). Mais la tombe contenait également quatre pointes de flèche de facture similaire, à peine plus courtes (moins de 1,5 cm d’écart, pour la plus longue), mais certainement plus légères. Or, on sait qu’une arme à tension (manuelle ou mécanique) ne peut expédier que des projectiles d’un poids normalisé. On préférera donc voir dans les premiers des pointes d’épieu, c’est-à-dire des armes utilisées à la chasse pour achever une bête blessée ou chargeant. Ces armatures, peu typiques, ne peuvent en fait être clairement identifiées que dans les rares ensembles funéraires que leur mobilier permet de reconnaître comme des tombes de chasseurs (ex. à Narbonne : Amandry et al. 1996-1997). La tombe de la rue Niel représente dans ce dossier un cas d’école, comme nous allons le voir en examinant le reste de son armement. La forme du fer de lance (ou de javelot) (n° 2) est caractéristique des contextes postérieurs à la conquête romaine : cette forme de fer losangique, à empennage convexe et carène basse est attestée dès l’époque césarienne, jusqu’au Bas-Empire (Feugère 1993 ; introduction supra, page $$). La longueur importante de la douille par rapport à celle de l’empennage constitue un critère de distinction d’avec les fers de lance laténiens. Le fer de la rue Niel se distingue des fers de javelot tardo-républicains recueillis à Alésia et Uxellodunum,caractérisés par une forme plus effilée à carène médiane (Sievers 2001, pl. 63-64 ; Girault 2007). Le rapport (5 cm, respectivement 10 cm) s’inscrit également dans la fourchette métrologique des lances et javelots en usage au début de l’époque romaine.Un autre indice réside dans la fréquence des empennages à carène basse parmi le mobilier d’Augsburg-Orberhausen (Hübener 1973, Taf. 6, n° 3, 6, 22-24), qui suggère une large diffusion de cette forme à l’époque tibéro-claudienne. Une base statistique plus fiable est fournie par les quatre armatures à simple pointe (n° 5-8), que nous avons ci-dessus distingué des épieux de taille MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES nettement supérieure. Ce type de fer à douille, de forme conique ou légèrement échancrée à la base de la pointe, est attesté dès l’époque tardorépublicaine, en association avec les pointes de flèche à une barbelure, caractéristiques des horizons de la guerre des Gaules. Il correspond aux pointes de flèche du type A d’A. Duval (1970), identifié à partir des découvertes d’Alésia (Sievers 2001, pl. 80, n° 578-582) et documenté à plus de 400 exemplaires parmi les pointes de flèche du Puy-d’Issolud (cf. introduction supra, fig. $$), jusqu’à Smihel en Slovénie (Horvat 1997, p. 112 fig. 8, n° 6-19). De morphologie identique, leur production en série recouvre plusieurs variantes de taille (entre 5 et 8 cm de longueur) et de forme (section ovale, circulaire ou quadrangulaire, arêtes et pointe plus ou moins marquées). Leur accumulation sur les sites militaires républicains et leur absence dans les contextes gaulois indubitablement antérieurs à la conquête plaide pour une innovation liée à l’irruption des armées romaines et ses corps archers auxiliaires (cf. introduction supra, p. $$). Sans disparaître complètement, cette forme de flèche devient nettement minoritaire à partir de la période augustéenne ; elle cède le pas aux pointes de flèche trifoliées, attestées en grand nombre sur les camps du limes (Unz,Deschler-Erb 1997,Taf.20 336-358) et certains sites coloniaux de Gaule interne, comme à Lyon-Verbe Incarné (Desbat, Maza, dans ce volume). Il n’est pas possible, pour autant, d’avancer une datation précise ou une fonction définitive pour cette forme basique de trait à section carrée, dont la parenté avec les deux fers à douille présents dans la même tombe a déjà été soulignée. Ils présentent également des affinités avec les traits de catapulte à pointe effilée du HautEmpire, documentés en grand nombre à Vindonissa (Unz, Deschler-Erb 1997, Taf. 23-24). L’attribution des pointes de la rue Niel à l’une ou l’autre catégorie n’est pas aisée : si la dernière apparaît suffisamment longue pour catapulte (près de 10 cm), ce n’est pas le cas des trois premières (7-8 cm). Ces mesures côtoient la limite haute de la fourchette obtenue à partir des pointes de flèche d’Alésia et du Puy-d’Issolud.On pourrait objecter que certains traits de Vindonissa de même calibre ont également pu être tirés avec un arc léger. Une dernière piste a été récemment avancée à propos d’un fer identique découvert à Montagnac (Hérault) : à mi-chemin entre trait de catapulte et pointe de flèche, ses mesures (8,8 cm) et sa typo- logie se rapprochent très étroitement de celles des fers de la rue Niel (Feugère 2002, p. 102 fig. 14 n° 95). Il pourrait s’agir d’un trait d’arbalète, arme réservée, à l’époque romaine, à la pratique de la chasse (Baatz 1991).Les exemplaires recueillis sur les camps militaires interdisent de généraliser cette hypothèse en l’absence d’études métriques plus approfondies. C’est peut-être, en fait, le poids de ces armatures (rarement noté) qui pourrait permettre d’établir une distinction entre les armatures de traits d’arbalète et les traits de petite catapulte, les premiers devant être plus légers. Dans le contexte de la rue Niel, où la reconnaissance de pointes d’épieux nous a déjà amenés à évoquer l’hypothèse d’un armement de chasse, l’identification de traits d’arbalète peut apparaître comme un argument fort, dans la mesure où cette arme, qui dérive pourtant de la technologie des tormenta hellénistiques, ne semble jamais avoir été utilisée dans l’armée, mais strictement réservée à la chasse. De plus, on notera la relative proximité géographique entre Clermont-Ferrand et les deux seuls reliefs romains sur lesquels apparaissent à ce jour des arbalètes, les sculptures de Salignac-sur-Loire et de Saint-Marcel, chez les Vellaves. La datation de la rue Niel pourrait également être compatible avec celle des reliefs, datés par D. Baatz de la deuxième moitié du IIe s. apr. J.-C. (1991, p. 284). Pris dans sa globalité, ce lot présente des caractères typologiques qui convergent vers une datation au Haut-Empire, dans le Ier ou IIe s. de notre ère.La spatha retaillée ne permet pas de préciser cette chronologie, on l’a vu, et les datations tardives actuellement disponibles pour les arbalètes gallo-romaines ne doivent pas nous interdire de nous interroger sur les formes précoces d’une arme qui dérive, finalement, de prototypes hellénistiques. Nous proposons de voir dans l’ensemble funéraire de la rue Niel un ensemble destiné à la pratique de la chasse, dont certaines pièces (l’arme de poing, le javelot) ont pu être détournées de leur usage militaire, alors que d’autres (les épieux, les traits d’arbalète) sont des armes spécifiques de la chasse. En dehors de textes célèbres, comme Le Testament du Lingon, qui nous en donne une simple description (Le Bohec 1991), cet armement étant très mal connu du point de vue archéologique, nous insisterons sur le caractère remarquablement complet de cet ensemble, qui pourrait inciter les archéologues à réexaminer d’autres lots d’armes pouvant avoir connu le même usage. 19 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE En ce qui concerne l’interprétation socioculturelle de cet ensemble,rappelons que la tombe de Chassenard, au nord de l’Auvergne, a livré une pointe de flèche à double barbelure, considérée dans la publication comme une arme de chasse plutôt que de guerre (Beck, Chew 1991, p. 48). Il faut donc réexaminer systématiquement les tombes à armes, notamment dans le centre de la Gaule, en s’interrogeant sur les critères qui pourraient nous permettre de distinguer le mobilier militaire de l’équipement de chasse. Le dépôt funéraire de la rue Niel, inscrit dans une nécropole civile en marge de l’agglomération d’Augustonemetum, n’entretient pas un lien direct avec la sphère militaire. Des vétérans ont pu rapporter chez eux,après leur service,les armes qu’ils avaient acquises de leurs deniers. Certaines d’entre elles ont pu servir à pratiquer la chasse, d’autres encore (L’Hospitalet-du-Larzac) se transformer plus utilement en outils de la vie quotidienne. Mais tout nous porte à croire que la chasse, notamment pratiquée comme un art spécifique, avec ses règles et son armement particulier, a pu évoluer dès l’époque romaine comme une activité sociale, sélective et sophistiquée. On serait alors en présence des premiers développements de l’évolution qui conduira, au Moyen Âge, aux savants traités décrivant une pratique érigée au rang d’art aristocratique. Entre la venatio et la venaison, l’ensemble funéraire de la rue Niel marque un jalon important dans l’histoire de la chasse. CONCLUSION Les éléments rassemblés dans les pages qui précèdent ne constituent que la pointe émergente d’une série certainement plus fournie, amenée à s’étoffer au fil des fouilles, des prospections et des études de collections.Bien que souvent associés à de l’armement gaulois, ils témoignent d’une présence militaire romaine bien perceptible,dans des contextes datés entre le milieu du Ier s. av. J.-C. (Gergovie et Corent, La Tène D2b) et la fin du Ier s. ap. J.-C. (Clermont-Ferrand, rue Niel). Du point de vue de l’historiographie, il est symptomatique d’observer que ces éléments n’ont guère suscité l’intérêt des érudits locaux opposés sur la question de Gergovie, focalisés sur la topographie du site et l’exégèse du De Bello Gallico. Ces découvertes marquent, pourtant, une forte concentration sur le territoire de la com- 20 mune de La Roche Blanche. Ils figurent avec régularité dans les fouilles anciennes et récentes, dans des quantités sans équivalent sur le plan régional. Cette récurrence souligne, par contraste, leur absence ou leur rareté sur les autres oppida de Basse-Auvergne. Si des accessoires de harnachement et de parure militaire ont été recueillis sur les sanctuaires de Corent ou du Puy-de-Dôme (Poux et al. 2002 ; Feugère à paraître), ils y figurent plutôt au titre de simples offrandes,liées à une fréquentation militaire épisodique. Les quelques militaria tardo-républicains recueillis dans la couche de destruction du sanctuaire de Corent, datée du milieu du Ier s. av. J.-C. sont liés à un contexte historique bien particulier, qui voit la destruction et la reconstruction du sanctuaire après la guerre des Gaules. Quant à ceux récemment découverts dans les quartiers d’habitat environnants, contemporains de la Conquête ou légèrement postérieurs, l’état d’avancée des études ne permet pas encore de tirer des conclusions définitives. Leur association avec des structures architecturales et divers mobiliers témoignant d’un fort degré de romanisation (radiers de pierre, tuiles, lampe, fibules italiques, boîtes à sceau, scalpel et céramiques d’importation) suggère la présence,sur le site,d’individus en contact étroit avec les armées romaines. Les armes et pièces d’équipement militaire romain (casque, épée, javeline, pic-herminette) récemment recueillis en association au fond et aux abords d’une cave fouillée devant le rempart de Gondole soulèvent eux-mêmes de nombreuses questions qui ne pourront être résolues que par la poursuite des fouilles : contrôle du quartier artisanal par l’armée, panoplie d’un légionnaire, auxiliaire ou vétéran, reconverti dans la production de céramiques, voire existence d’un camp militaire établi sur le plateau, sont autant d’hypothèses envisageables. Rappelons que cette dernière solution avait déjà été suggérée par P.P. Mathieu sur la base de la topographie des lieux et des vestiges fouillés au XIXe siècle. À cet égard, les éléments retrouvés et leur contexte ne sont pas sans évoquer le cas des vestiges fouillés devant “l’oppidum” de La Chaussée-Tirancourt, qui a déjà été l’objet d’une discussion analogue. Les projectiles, l’armement offensif ou passif liés aux opérations de siège, en revanche, se concentrent surtout sur le site voisin de La Roche Blanche. Pour comparaison, la collection d’objets métalliques recueillie depuis plus d’un siècle sur l’oppidum de Corent, bien que très abondante, ne MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES comporte aucun élément qui puisse s’apparenter à un trait de catapulte,à un tribulus,à un boulet de baliste ou à une balle de fronde. Cette concentration n’est pas fortuite : elle apparaît,dans plusieurs cas, directement liée à l’existence d’ouvrages défensifs de tradition militaire romaine mis en évidence au pied du massif de Gergovie. Leurs datations, fondées à la fois sur des critères typologiques et stratigraphiques, s’inscrivent dans une étroite fourchette comprise entre le milieu du Ier siècle avant notre ère et le règne d’Auguste. S’il était encore besoin, ce faisceau d’indices réunis dans un périmètre de quelques kilomètres carrés lève toute ambiguïté quant à l’identification du site de la bataille césarienne proposée par Stoffel et validée par les fouilles de V. Guichard et Y. Deberge en 2000. Leur répartition est parfaitement cohérente avec les positions décrites dans le De Bello Gallico : fossés de circonvallation, traces de campements, projectiles, clous de sandales et pièces d’armement romains au pied du massif, autour de la colline de la Roche-Blanche ; rempart de tradition indigène, armes gauloises, umbo de bouclier légionnaire, clous de caligae, pointes de flèches et autres projectiles romains au sommet du plateau, en surplomb des positions romaines. Les militaria recueillis sur le site témoignent de son implication dans une bataille majeure, contemporaine de la conquête césarienne dont le nom a survécu à travers le toponyme médiéval de Gergoia, attesté dès le Xe siècle sur le versant sud-est du massif. Leur nombre cumulé place Gergovie en bonne position, derrière d’autres gisements majeurs de la guerre des Gaules qui ont bénéficié de fouilles plus ou moins extensives (Alésia, Uxellodunum). La perduration des mobiliers militaires dans des contextes nettement postérieurs à la conquête romaine, jusqu’à l’abandon du site sous Auguste, témoigne d'une situation différente Ils semblent résulter d’une occupation de plus longue durée, dont la nature reste à préciser. Quelle que soit son ampleur, cette présence militaire explique sans doute le maintien et l’entretien d’une fortification sur le versant du plateau ; elle s’accorde aussi avec le stade de romanisation particulièrement avancé et précoce des techniques de construction, des faciès mobiliers et du monnayage liés à cette période. Tous ces indices s’incarnent dans la figure emblématique d’Epasnactos, vassal des armées de César représenté comme le maître des lieux, en tenue d’officier romain, par des centaines de monnaies frappées in situ. L’hypothèse d’un détachement de troupes légionnaires et/ou auxiliaires,chargées de contrôler les populations arvernes après la défaite d’Alésia, de planifier l’occupation du territoire et d’asseoir les fondations de sa future capitale, s’accorderait assez bien avec la situation observée dans d’autres régions fraîchement conquises, comme la Cité trévire ou l’Île-de-France (Poux, Robin 2000 ; Metzler 1995). Le choix de le cantonner dans la forteresse gauloise assiégée sans succès par les troupes de César apparaît parfaitement plausible, tant pour des raisons pratiques que pour sa portée symbolique. La même situation a été observée pour les oppida du Titelberg ou de Bâle-Münsterhügel. Postérieur de plusieurs décennies, le dépôt d’armement découvert en marge de l’agglomération de Clermont-Ferrand témoigne d’un changement de statut, lié aux nouvelles structures induites par la fondation d’Augustonemetum.Si les armes de la rue Niel ont très vraisemblablement été utilisées pour la chasse, plusieurs d’entre elles trahissent une origine militaire (spatha et javelot, notamment). Leur datation incertaine, qui peut théoriquement remonter jusqu’à la guerre des Gaules, n’exclut aucune piste d’interprétation : souvenirs liés à la bataille et/ou à l’occupation du site de Gergovie, conservés par un vétéran ou récupérées par un artisan à des fins de remploi, créations plus tardives,spécifiquement dévolues à la pratique de la venatio ? Attestée dans d’autres régions, la reconversion d’équipements légionnaires à des fins non militaires témoigne, quoi qu’il en soit, d’un processus plus général : la période d’occupation armée fait place, dans le courant du Ier siècle de notre ère,à une intégration croissante des techniques et des populations militaires au paysage social du Haut-Empire. v 21 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE BIBLIOGRAPHIE Amandry et al. 1996-1997 : AMANDRY (M.), BELBENOIT (V.), G. DURAND (G.), FEUGÈRE (M.), FOY (D.), GARDEISEN (A.), MANNIEZ (Y.), PRADIÈS (C.), RICHIER(A.). — Les fouilles de l’Hôtel-Dieu de Narbonne. Bull. Comm. Arch. Litt. Narbonne, 47-48, 1996-1997, p. 115-186. Baatz 1991 : BAATZ (D.). — Die römische Jagdarmbrust. Archäologisches Korrespondenzblatt, 21/2, 1991, p. 283-290. Barruol, Saujade 1969 : BARRUOL (G.), SAUJADE (G.). — Une tombe de guerrier à Saint-Laurent-des-Arbres (Gard, France). Contribution à l'étude des sépultures du Ier siècle av. J.-C. dans la basse vallée du Rhône. Revue d’Études Ligures, 35, 1969, p. 15-89. Beck, Chew 1991 : BECK (F.), CHEW (H.). — Masques de fer. Un officier romain du temps de Caligula. Catalogue d’exposition, Saint-Germain-en-Laye, 1991. Deberge, Guichard 2000 : DEBERGE (Y.), GUICHARD (V.). — Nouvelles recherches sur les travaux césariens devant Gergovie (1995-1999). Revue Archéologique du Centre de la France, 39, 2000, p. 83-111. Déchelette 1927 : DÉCHELETTE (J.). — Manuel d’archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, 4 : Archéologie celtique et protohistorique : Second âge du Fer ou époque de La Tène. Paris : Picard, 1927. Fasc. 2 (2e édition 1927 avec nouvelle pagination ; 3e édition 1988). Demierre 2006 : DEMIERRE (M.). — Le mobilier métallique du sanctuaire de Corent (Puy-de-Dôme). Lausanne, université de Lausanne, 2006 (Mémoire de licence multigraphié). Desbat, Maza 2005 : DESBAT (A.), MAZA (G.). — Les militaria. In : DESBAT (A.) dir. — Lugdunum, naissance d’une capitale. Gollion : InFolio, 2005, p. 79-83. Berger, Helmig 1991 : BERGER (L.), HELMIG (G.). — Die Erforschung der augustäischen Militärstation auf dem Basler Münsterhügel. In : TRIER (B.) dir. — Die römische Okkupation nördlich der Alpen zur Zeit des Augustus. Aschendorff Munster, 1991, p. 7-24. Deschamps 1997 : DESCHAMPS (I.). — La vaisselle méditerranéenne d’importation de l’oppidum de Gergovie (Puy-de-Dôme). Clermont-Ferrand : université Blaise-Pascal, 1997 (Mémoire de maîtrise multigraphié). Bishop, Thomas 2002-2003 : BISHOP (M. C.), THOMAS (M. D.). — Lorica segmentata, vol. 1-2. JRMES monograph. Duns, 2002-2003. Deschler-Erb 1999 : DESCHLER-ERB (E.). — Ad arma ! Römisches Militär des 1. Jahrhunderts n. Chr. in Augusta Raurica. Augst : Römerstadt Augusta Raurica, 1999. (Forschungen in Augst ; 28). Bockius 1989 : BOCKIUS (R.). — Ein romisches scutum aus Urmitz, Kreis Mayen-Koblenz. Zu Herkunft und Verbreitung spindelformiger Schildbuckelbeschlage im Gebiet nordlich der Alpen. Archäologisches Korrespondenzblatt, 19, 1989, p. 269-282. Dolenz 1998 : DOLENZ (H.). — Eisenfunde aus der Stadt auf dem Magdalensberg. Klagenfurt : Verlag des Landesmuseums für Kärnten, 1998 (Kärntner Museumsschriften ; 75). Brouquier-Reddé 1997 : BROUQUIER-REDDÉ (V.). — L’équipement militaire d’Alésia d’après les nouvelles recherches (fouilles et prospections). In : Feugère 1997, p. 277-288. Brunaux, Rapin 1988 : BRUNAUX (J.-L.), RAPIN (A.). — Gournay II. Paris : Errance, 1988 (Coll. Revue archéologique de Picardie). Chabot, Feugère 1993 : CHABOT (L.), FEUGÈRE (M.). — Les armes de l’oppidum de la Cloche (Les PennesMirabeau, B.-du-Rh.) et la destruction du site au Ier siècle avant notre ère. Documents d’Archéologie méridionale, 16, 1993, p. 337-351. Chapotat 1970 : CHAPOTAT (G.). — Vienne gauloise. Le matériel de La Tène III trouvé sur la colline de SainteBlandine. Lyon : de Boccard, 1970 (Centre d’Etudes Romaines et Gallo-Romaines de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Lyon ; 2). Connolly 1997 : CONNOLLY (P.). — Pilum, gladius and pugio in the Late Republic. In : Feugère 1997, p. 41-57. 22 Duval 1970 : DUVAL (A.). — Les pointes de flèche d’Alésia au musée des Antiquités nationales. In : Antiquités Nationales, 2, 1970, p. 33-51. Ferdière, Villard 1993 : FERDIÈRE (A.), VILLARD (A.) dir. — La tombe augustéenne de Fléré-la-Rivière (Indre) et les sépultures aristocratiques de la cité des Bituriges. St-Marcel ; Tours : Musée d'Argentomagus ; RACF, 1993 (Mémoire du Musée d'Argentomagus ; 2 / Suppl. à la Revue Archéologique du Centre de la France [RACF]; 7). Feugère 1983 : FEUGÈRE (M.). — L‘équipement militaire romain dans le département de la Loire. Cahiers Archéologiques de la Loire, 3, 1983, p. 45-66. Feugère 1993 : FEUGÈRE (M.). — Les armes des Romains, de la République à l’Antiquité tardive. Paris : Errance, 1993 (réed. 2001). Feugère 1994a : FEUGÈRE (M.). — L’équipement militaire d’époque républicaine en Gaule. In : Van DrielMurray 1994, p. 3-23. Feugère 1994b : FEUGÈRE (M.). — Casques antiques, les visages de la guerre de Mycènes à la fin de l’Empire romain. Paris : Errance, 1994. MILITARIA TARDO-RÉBUBLICAINS EN CONTEXTE GAULOIS AUTOUR DE GERGOVIE : DÉCOUVERTES ANCIENNES ET RÉCENTES Feugère 1997 : FEUGÈRE (M.) dir. — L’équipement militaire et l’armement de la République (IVe-Ier s. avant J.-C.). Actes de la ROMEC X (Montpellier 1996). JRMES, 8, 1997. Feugère 2002 : FEUGÈRE (M.). — Militaria de Gaule méridionale 19. Le mobilier militaire romain dans le département de l’Héraut. Gladius, XXII, 2002, p. 73-126. Fischer 1975 : FISCHER (F.). — Untersuchungen im spätkeltischen Oppidum von Altenburg-Rheinau. In : Ausgrabungen in Deutschland, Teil. 1, Mainz 1975, p. 312-323, 318, fig. 5-8. Fournier 1970 : FOURNIER (P.-F.). — Découvertes postérieures à 1954 et compléments de l’inventaire des découvertes antérieures. In : DESFORGES (E.), FOURNIER (P.-F.), HATT (J.-J.). — Nouvelles recherches sur les origines de Clermont-Ferrand. Clermont-Ferrand, 1970, p. 441-447. Gergovie 2001 : Gergovie, Forteresse gauloise – Sur les terres de Vercingétorix. (Collectif). La Roche-Blanche : Association du Site de Gergovie (ASG), 2001. Girault 2007 : GIRAULT (J.-P.). — : Recherches à la Fontaine de Loulié (Saint-Denis-les-Martel, Lot). Nouveaux éléments sur la bataille d’Uxellodunum. In : VAGINAY (M.), IZAC-IMBERT (L.) dir. — Les âges du Fer dans le sud-ouest de la France. Actes du 28e colloque de l’Association Française pour l’Étude de l’Age du Fer ; 1. Bordeaux : Aquitania, 2007, p. 259-283 (suppl. à Aquitania ; 14/1). Hor vat 1997 : HORVAT (J.). — Roman Republican weapons from Smihel in Slovenia. In : Feugère 1997, p. 105-120. Hübener 1973 : HÜBENER (W.). — Die römischen Metallfunde von Augsburg-Oberhausen : ein Katalog. Kallmünz/Opf : Verlag Michael Lassleben 1973 (Materialhefte zur Bayerischen Vorgeschichte ; 28). Künzl 1991 : KÜNZL (E.). — Die medizinische Versorgung der römischen Armee zur Zeit des Kaisers Augustus und die Reaktion der Römer auf die Situation bei den Kelten und Germanen. In : TRIER (B.) dir. — Die römische Okkupation nördlich der Alpen zur Zeit des Augustus. Aschendorff Munster, 1991, p. 185-202. Le Bohec 1991 : LE BOHEC (Y.) dir. — Le Testament du Lingon. Actes de la Journée d'Étude de Lyon, 1991. Lyon, 1991 (coll. CERGR, NS ; 9). Lejars 1996 : LEJARS (Th.). — L’armement des Celtes en Gaule du Nord à la fin de l’époque gauloise. In : BRUNAUX (J.-L.) dir. — Le nord de la Gaule et la chronologie du second âge du Fer. Actes de la table ronde de Ribemont-sur-Ancre (21-22 oct. 1994). Revue Archéologique de Picardie, 1996, 3-4, p. 7-242 (p. 79-103). Metzler 1995 : METZLER (J.). — Das treverische Oppidum auf dem Titelberg (G.-H. Luxemburg). Zur Kontinuität zwischen der spätkeltischen und der frührömischen zeit in Nord-Gallien.2 t. Luxembourg : Musée national d’Histoire et d’Art, 1995 (Dossiers d'Archéologie du Musée national d'Histoire et d'Art; 3). Orengo 2003 : ORENGO (L.). — Forges et forgerons dans les habitats laténiens de la Grande Limagne d’Auvergne. Fabrication et consommation de produits manufacturés en fer en Gaule à l’âge du Fer. Montagnac : Monique Mergoil, 2003 (Monographies Instrumentum ; 26). Perrin 1990: PERRIN (F.). — Un dépôt d'objets gaulois à Larina Hières-sur-Amby (Isère). Lyon : Circonscription des antiquités historiques de la région Rhône-Alpes, 1990 (Documents d'Archéologie en Rhône-Alpes [DARA] ; 4). Poux 1999 : POUX (M). — Puits funéraire d'époque gauloise à Paris (Sénat) : une tombe d'auxiliaire républicain dans le sous-sol de Lutèce. Montagnac : Mergoil, 1999 (Protohistoire Européenne ; 4). Poux et al. 2002 : POUX (M.), DEBERGE (Y.), FOUCRAS (S.), GASC (J.), PASQUIER (D.). — L’enclos cultuel de Corent (Puy-de-Dôme) : festins et rites collectifs. Revue Archéologique du Centre de la France, 41, 2002, p. 57-110. Poux, Robin 2000 : POUX (M.), ROBIN (S.). — Les origines de Lutèce. Acquis chronologiques, nouveaux indices d’une présence militaire à Paris, rive gauche. Gallia, 57, 2000, p. 181-226. Poux à paraître : POUX (M.). — Paires de fibules en or du Ier s. av. J.-C. Autour d’une découverte de l’oppidum de Corent (Puy-de-Dôme). Gallia, à paraître. Provost, Mennessier-Jouannet 1994 : PROVOST (M.), MENNESSIER-JOUANNET (Chr.). — Le Puy-de-Dôme (63/2). Paris, Académie des inscriptions et des Belles Lettres 1994, p. 76-82 (Carte archéologique de la Gaule [CAG] ; 63/2). Rajtar 1994 : RAJTAR (J.). — Waffen und Ausrüstungsteile aus dem Holz-Erde-Lager von Iza. In: Van Driel-Murray 1994, p. 83-95. Reddé 1996 : REDDÉ (M.) dir. — L’armée romaine en Gaule. Paris : Errance, 1996. Reddé, Schnurbein 2001 : REDDÉ (M.), SCHNURBEIN (S. von) dir. – Alésia, fouilles et recherches francoallemandes sur les travaux militaires romains autour du Mont-Auxois (1991-1997). T. 2 : Le matériel. Paris : De Boccard, 2001, 386 p. (Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; 22). Saint-Venant 1897 : SAINT-VENANT (J. de). — Les derniers Arécomiques, traces de la civilisation celtique dans la région du Bas-Rhône, spécialement dans le Gard. Bull. Arch. Comité Trav. Hist., 1897, p. 481-531. Schönfelder 2002 : SCHÖNFELDER (M.). — Das spätkeltische Wagengrab von Boé (Dép. Lot-et-Garonne). Studien zu Wagen und Wagengräbern der jüngeren Latènezeit [avec résumé en français]. Mainz : RömischGermanischen Zentralmuseum [RGZM], 2002 (Monographien des Römisch-Germanischen Zentralmuseums ; 54). 23 MATTHIEU POUX, MICHEL FEUGÈRE, MATTHIEU DEMIERRE Schulze-Dörrlamm 1985 : SCHULZE-DÖRRLAMM (M.) — Germanische Kriegergräber mit Schwertbeigabe in Mitteleuropa aus dem späten 3. Jahrhundert und der ersten Hälfte des 4. Jahrhunderts n. Chr. Jahrbuch des Römisch-Germanisches Zentralmuseum, Mainz (RGZM), 32, 1985, p. 509-569. Thiel, Zanier 1994 : THIEL (A.), ZANIER (W.). — Römische Dolche – Bemerkungen zu den Fundumständen. In : Van Driel-Murray 1994, p. 59-81. Thomas et al. 2001 : THOMAS (N.), FEUGÈRE (M.), DIEUDONNÉ-GLAD (N.) — Une épée romaine découverte à Saintes (Charente-Maritime). Gallia, 58, 2001, p. 261-269. Scott 1985 : SCOTT (I. R.). — First century military daggers and the manufacture and supply of weapons for the roman army. In : BISHOP (M.-C.) ed. — The Production and Distribution of Roman Military Equipment. Oxford, 1985, p. 160-219 (BAR Int. Series ; 275). Unz, Deschler-Erb 1997 : UNZ (Ch.), DESCHLER-ERB (E.). — Katalog der Militaria aus Vindonissa. Brugg : Gesellschaft Pro Vindonissa, 1997 (Veröff. Ges. Pro Vindonissa ; 14). Van Driel-Murray 1994 : VAN DRIEL-MURRAY (C.) éd. — Military equipment in context. Proceedings of the Ninth International Roman Military Equipment Conference, Leiden, 1994. Oxford : M. C. Bishop, 1994, (Journal of roman military equipment studies [JRMES] ; 5). Sievers 2001 : SIEVERS (S.). — Les armes d’Alésia. In : Reddé, Schnurbein 2001, p. 121-209. Stary 1981 : STARY (P. F.). — Ursprung und Ausbreitung der eisenzeitlichen Ovalschilde mit spindelformigem Schildbuckel. Germania, 59, 1981, p. 287-306. Voirol 2000 : VOIROL (A.). — Les militaria d'Avenches. Bulletin de l’Association Pro Aventico, 42, 2000, p. 7-92. Texier 1993 : TEXIER (Y.). — Gergovie, essai historique et critique sur l’identification du site. Clermont-Ferrand : université de Clermont-Ferrand II, 1993 (Thèse de Lettres Classiques, 4 vol.). Webster 1982 : WEBSTER (G.). — 'The swords and pieces of equipment from the grave. In : BENNETT (G.), FRERE (S.S.), STOW (S.). — Excavations at Canterbury 1. Gloucester, 1982, p.185-190. v 24